Poesia tratta da: Henri Michaux, Plume, précédé de Lointain Intérieur, Gallimard, Paris, 1963, pp. 99-100. Traduzione: C. Mangone.
Cerco un essere da invadere
Montagna di fluido, fagotto divino,
Dove sei, mio altro polo? Strenne sempre da scontare,
Dove sei, marea che monta?
Per reprimere in te il bagno dirompente della mia intollerabile tensione!
Pirateggiarti.
Presenza di sé: strumento folle.
Pesiamo su noi stessi
Pesiamo sulla nostra solitudine
Pesiamo sui dintorni
Pesiamo sul vuoto
Amoreggiamo.
Mondo ricucito d’assenze
Milioni di nessi tra i tabù
Passato canceroso
Sbarramento di genuflessi e imbretellati;
Oh! Felici mediocri
Tettate il vecchiume e la cotenna dei secoli
e la civiltà dei desideri a buon mercato.
Avanti, tutto questo è per voi.
La rabbia non ha creato il mondo,
ma la rabbia deve pur viverci.
Compagni del «No» e dello sputo mal restituito,
Compagni… ma non ci sono dei compagni del «No».
Come un sasso nel pozzo vi porgo il mio saluto!
E d’altronde, che cavolo!
*
COMME PIERRE DANS LE PUITS
Je cherche un être à envahir
Montagne de fluide, paquet divin,
Où es-tu mon autre pôle ? Etrennes toujours remises,
Où es-tu marée montante ?
Refouler en toi le bain brisant de mon intolérable tension !
Te pirater.
Présence de soi : outil fou.
On pèse sur soi
On pèse sur sa solitude
On pèse sur les alentours
On pèse sur le vide
On drague.
Monde couturé d’absences
Millions de maillons de tabous
Passé de cancer
Barrage des génufléchisseurs et des embretellés ;
Oh ! Heureux médiocres
Tettez le vieux et la couenne des siècles
et la civilisation des désirs à bon marché
Allez, c’est pour vous tout ça.
La rage n’a pas fait le monde
mais la rage y doit vivre.
Camarades du « Non » et du crachat mal rentré,
Camarades… mais il n’y a pas de camarades du « Non ».
Comme pierre dans le puits mon salut à vous !
Et d’ailleurs, Zut !
